Togo: Quel avenir pour le pays avec les formations BTS?

Article : Togo: Quel avenir pour le pays avec les formations BTS?
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24 avril 2017

Togo: Quel avenir pour le pays avec les formations BTS?

Au cours de mon récent séjour à Lomé, au Togo, j’ai eu, un soir, l’idée d’inviter quelques amis à la maison pour un dîner. Ils répondirent presque tous présents, et le petit vacarme que nous faisions obligea mon père à sortir dans le jardin pour voir un peu ce qu’il s’y passait. C’est alors qu’il sortit son fusil de chasse et chassa toute la bande hors du domicile sous prétexte qu’elle l’empêchait de se reposer après une journée très éprouvante. Dites-moi donc, avait-il raison de se comporter de la sorte? N’ai-je pas le droit, à plus de 20 balais, d’organiser une petite soirée chez moi ? Hein ? N’ai-je pas le droit de vous baratiner un peu avant de relater les faits tels qu’ils se sont véritablement déroulés ? Bon, on efface tout à partir de la troisième phrase et on reprend.

C’est alors que mon père se présenta dans le jardin, prit le soin de saluer, d’une ferme poignée de main, chacun des invités, et distilla ensuite quelques conseils à notre encontre, nous, jeunes d’aujourd’hui et relève de demain. Dans son discours, un point sur lequel il ne s’attarda pas vraiment retint mon attention.

Je ne serais en mesure de citer exactement ses mots mais il posa la problématique suivante : comment notre génération pourrait-elle prendre la relève et assurer le développement du pays si la plupart des jeunes d’aujourd’hui se contente d’une formation BTS* ? Avant d’ajouter que, très vite pointera du nez un problème encore plus criard de manque de professeurs qualifiés pour garantir la formation des générations qui suivront.

Alors j’aimerais bien savoir comment nous comptons nous y prendre pour arriver à cet idéal que représente le développement. J’aimerais bien savoir comment nous pourrons créer, innover, et produire des richesses sans de solides formations. Penserions-nous un peu trop que Jésus viendra résoudre tous nos problèmes ?

Etudier, innover, développer…

C’est à juste titre que nous pouvons tenir ceux qui gouvernent le pays pour responsables de cette situation « fukushimatique » de notre système éducationnel et de ses infrastructures. Cependant, il serait aussi trop facile de nous exempter de tout reproche. Je fais une formation BTS (BAC + 2) dans une école aux méthodes et qualité d’enseignement douteuses et je m’en contente parce que je vais pouvoir décrocher un job qui garantira mon loyer et mes bières du weekend. Oui, on sait bien que Lomé est dur et que chacun se cherche, mais qui viendra la rendre douce ? Cela commence par moi, par toi, par nous et ainsi de suite. C’est en innovant qu’on se développe, mais l’innovation ne s’obtient pas au bout de seulement deux ans d’études et/ou de recherches. Il en faut plusieurs et il est donc important que nous imprégnions cette culture de la bosse dans nos gènes afin de nous donner des chances d’atteindre nos objectifs.  

Ainsi donc, tout ce que nous aurons demain si nous continuons de courir après les formations à cycles courts, c’est la certitude de stagner dans les conditions actuelles, de n’avoir uniquement que des enseignants issus de ces écoles, qui eux, s’assureront que la qualité de la formation des générations à venir dégringole un peu plus.

Si je reviens assez souvent sur la question de l’éducation, en prenant par la même occasion le risque de me répéter, c’est parce que je crois dur comme fer que c’est à travers elle que nous changerons positivement notre pays, région économique et continent.

Sinon, pensez-vous aussi que mon père a raison ? Le débat est ouvert…


NB: BTS = Brevet de Technicien Supérieur.

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Commentaires

afi affoya
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Je ne sais pas si c'est au fond les BTS qui posent problème, mais ce qui est sûr c'est qu'il a raison dans le sens où la préoccupation première de nous jeunes d'aujourd'hui est plus souvent de "trouver un salaire qui assurera le loyer et qui garantira les bières du week-end". Alors qu'on a la responsabilité de préparer notre avenir en même temps que celui de nos enfants, et des gens pas assez eduqués ne peuvent sûrement pas donner à leur tour une éducation de qualité. Il faut une réelle prise de conscience de notre part, sans quoi, l'avenir ne semble pas très très rose...

mareklloyd
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Le fond du problème, en effet ce n'est pas l'idée du BTS. C'est ce que l'homme finit par en faire. Cela devient de modèle de formation pour notre société et nous remarquerons que chaque année, plusieurs étudiants quittent le campus pour s'inscrire dans une école de BTS. Mais aujourd'hui pour être en phase avec nos envies de développement, nous avons beaucoup plus besoin de docteurs et de maîtres que de techniciens supérieurs. Parce que ce sont les premiers cités qui se forment en continue, effectuent des recherches, produisent le savoir scientifique nécessaire à l'innovation dans bien de secteurs de la vie économique du pays.

Par rapport à ceux qui ont choisi le chemin de l'école: Le BTS n'est pas à éliminer. Les longues études sont à encourager.

Eli
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Il a soulevé un problème important. C'est la voie de la facilité qui prime aujourd'hui. Il faudrait investir dans les infrastructures universitaires et élargir les ofres de formation. Encore que ça concerne que ceux qui peuvent valablement faire des études supérieures car il faut aussi admettre que tout le monde n'est pas appelé à de longues études

mareklloyd
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Oui Rolland, tout le monde n'est pas destiné à faire de longues études. C'est clair. Mais, regarde un peu dans ton entourage et fais le rapport entre le nombre de personnes que tu connais qui font un BAC+2 et de ceux qui vont jusqu'au BAC+7. A mon niveau, le déséquilibre est féroce. Et pourtant, dans les universités, l'idéal pour un professeur, c'est le doctorat, même si pour certaines filières, le master aussi passe. Faisons un tour sur Google et essayons de voir combien d'articles académiques ont été publiés au Togo au cours de l'année dernière.

Lompo
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Mareklloyd, je crois ton père a raison et tu n'as pas tord non plus quand tu parles d'innovation. Mais au-delà de tout cela il faut que la formation qu'on a reçue soit aussi en adéquation avec les besoins du pays dans lequel on vit ou on compte travailler. Rien ne sert d'avoir doctorat dans un domaine presque inexistant.dans son pays. L'autre élément important c'est qu'il faut effectivement que cette génération sache qu'elle doit innover et entreprendre. On n'est plus à l'époque où c'est le poste qui suit l'étudiant. Avant de terminer même les études, nos parents avaient des postes.

mareklloyd
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Rien ne sert d'avoir un doctorat dans un domaine presque inexistant! Mais quand on regarde les domaines qui existent, à par la médecine, le pourcentage d'étudiant atteignant est petit. Suffisent pour former comme il faut la génération qui arrive? Non. Quant aux domaines qui n'existent pas, qui y pense? Même licence, on trouve pas keh...

Eleonore
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Toi et ton père n'avez pas totalement tort. Mais je me demande si les diplômes garantissent un emploi? C'est une erreur de penser que parce j'ai la licence ou le master je trouverai forcement un travail. Et la plupart du temps on reste à la maison avec ces diplômes. Pourquoi ne pas entreprendre? Aujourd'hui, il y a plusieurs moyens de gagner sa vie mais les jeunes diplômés préfèrent être cravaté dans un bureau climatisé. Il faut que le système d'enseignement change pour faire comprendre aux étudiants qu'ils pourront mettre leurs compétences à profit ailleurs que dans une grande entreprise avec un bureau climatisé. Les parents aussi doivent faire comprendre à leurs enfants que le bureau n'est pas signe de réussite.

mareklloyd
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Oui Eleonore, je suis bien d'accord avec toi. Mais là, on est dans le contexte de la formation en elle même et de ce qu'elle apportera au pays dans les années à venir. Pour avoir un succès durable et sain en entreprenariat, dans plusieurs domaines, il faut avoir eu au préalable un bagage d'études assez solide. Et ce n'est pas toujours ce que nous avons aujourd'hui.