Éducation au Togo: Jusqu’où descendrons nous? (1)
« L’éducation scolaire peut faire stagner le développement d’un peuple, voire compromettre son futur si elle est constamment confrontée à des problèmes qui empêchent son bon fonctionnement (fragilité du système éducatif, infrastructures insuffisantes, etc.) ». Cette affirmation de José Carlos P. Almeida Filho, professeur à l’Université de Brasilia, nous envoie sans escale et sans détour à un constat : au Togo, nous sommes de véritables masochistes. Vu que nous jouons avec le feu, nous nous brûlons mais cela ne semble aucunement nous inquiéter.
Depuis quelques années, les taux de réussite aux différents examens nationaux sont sur une pente descendante et 2016 est arrivée en force pour confirmer cette tendance avec les résultats du BEPC et du BAC 1, en attendant ceux du BAC 2 qui très certainement ne nous surprendront pas positivement. Encore que les deux premiers examens cités ont été entachés de plusieurs rumeurs selon lesquelles il a fallu faire certains « traitements cosmétiques » – comme le dira mon confrère Elie – afin d’obtenir les pourcentages de réussite officiellement publiés. Info ou intox ? Bien malin celui qui pourra dire !
Une question s’impose : à qui la faute ? Aux élèves, qui sont de moins en moins attentifs et performants ? Ah ça, on l’aura entendu et réentendu hein… « Les enfants d’aujourd’hui là, vraiment, ils sont nuls quoi ! Ils ne foutent plus rien à l’école. On leur donne tout ce qu’il faut, on ne leur demande que d’étudier mais zéro »… Quelque part, ce n’est pas faux car en effet, on sent nos jeunes frères moins impliqués et appliqués aujourd’hui et la plupart de leurs centres d’intérêt divergent bien souvent de ceux de notre système éducatif. Eh bah voilà le résultat!
Mais une nouvelle question s’annonce : les élèves sont-ils les seuls fautifs dans l’histoire ? Of course not ! Tout évolue, tout change. Nos sociétés et visions du monde arborent de nouveaux visages au fur et à mesure que le temps passe, cependant, notre système d’éducation est de façon générale resté calqué sur la pédagogie traditionnelle libérale, laquelle pédagogie ne répond plus forcément de manière satisfaisante aux exigences de nos réalités actuelles. Les pays comme la Finlande et le Danemark, qui excellent dans ce secteur, ont abandonné cette tendance il y a belle lurette, ont innové et adopté des politiques plus adaptées qui aujourd’hui leur permettent d’être là où ils sont.
Ajouté au retard du système éducatif sur notre temps, il y a également l’éternel problème des infrastructures et celui des ressources humaines dans le domaine : sur toute l’étendue du territoire, nombreuses sont les écoles qui ont besoin de réformes et de matériels didactiques de qualité, sans quoi les processus d’enseignement et d’apprentissage deviennent beaucoup plus compliqués. D’un autre côté, on peut remarquer qu’il y a plusieurs professionnels qui possèdent le savoir mais qui ne savent ni enseigner, ni éduquer. Quand on est un peu « chanceux », on peut tomber sur l’espèce rare de ceux-là qui n’ont aucune de ses qualités. Admettons tout de même que c’est parfois difficile de faire son travail avec amour et abnégation lorsque derrière les conditions de travail et les salaires ne sont guère encourageants.
Somme toute, si aujourd’hui ça ne va pas très fort au sein de notre éducation, la responsabilité de la situation ne revient pas seulement aux élèves qui, selon certains, ne se donnent pas suffisamment aux cahiers. Il y a derrière plusieurs autres problèmes comme ceux cités plus haut que nous devons sérieusement considérer et nous atteler à solutionner. Autorités compétentes et éducateurs ont un rôle important à jouer dans cette marche qui viserait à renverser le cours des choses et à faire réellement de l’éducation le principal moteur du développement de notre pays. Mais encore faudra-t-il qu’ils acceptent de tout remettre en question, y compris eux-mêmes. Encore faudra-t-il qu’ils aient une véritable volonté de s’y mettre!
Ces jeunes adolescentes et enfants présents sur les images de l’article méritent d’avoir toutes les chances de briller et d’apporter leurs contributions dans la construction de notre pays. Oui, ils méritent de garder ce sourire qu’il ont sur leurs visages. Ils méritent une éducation qui pense à eux et non une éducation tournée vers elle même.

Commentaires