Les fables de Marek – Ce que valent nos proches
Que l’esprit des publications visées sorte de nos corps, surtout lorsqu’il s’agit des personnes proches qui nous sont très chères. L’ importance qu’elles ont aujourd’hui dans nos vies ne s’est pas construite au bout de deux jours. Alors nous serions bien heureux d’éviter de leur en vouloir indéfiniment après un événement où ils n’ont pas adopté le comportement attendu d’un.e ami.e, d’un frère ou d’une sœur.
Vous savez, il arrive parfois que vos gars sûrs ou gos sûres priorisent autre chose alors même que vous attendez d’eux, à juste titre, qu’ils défendent vos intérêts. Quelque part, je pense que cela dépend de l’enjeu (l’impact que la situation va avoir sur vous), du contexte (le moment où la chose se produit et les dispositions dans lesquelles se trouve l’ami serviteur) et de ce que l’ami serviteur peut potentiellement gagner en intervenant en votre faveur ou en votre défaveur. À cet effet, je vais vous raconter une histoire.
Si ma mémoire est bonne, nous étions en vacances et je passais de la 5e en 4e. Avec mon cousin et gars sûr Rémi (même classe, même collège), on passait des heures et des heures à traîner ensemble et à refaire le monde. Un après-midi, alors qu’on s’ennuyait à mort, mon cousin s’engagea dans un échange de SMS avec une fille de notre collège, qui était clairement amoureuse de lui. Pour préserver son identité, on va l’appeler Beyoncé.
Rémi et Beyoncé discutaient et celle-ci se montrait très ouverte pour une relation amoureuse. Oui oui, les choses de l’enfantillage là… Lui, n’était pas trop intéressé. D’un côté, c’était cool de se dire « j’ai une petite amie » mais de l’autre, il n’était pas du tout emballé à l’idée de dire « ma petite amie, c’est Beyoncé ». Et pourtant…
Moi en tant que gars sûr, que dois-je faire ? Le conseiller de manière à protéger ses intérêts et lui dire : « Mec, si tu n’es pas intéressé par elle, laisse tomber. Ne lui fais pas de mal inutilement. Garde la en amie et après on verra ce qui se passe. Il y en aura une qui te plaira beaucoup mieux », ou bien ? Est ce que c’est ce que j’ai fait ? Bien sûr que non ! Et je m’explique.
Beyoncé veut sortir avec lui et elle attend une réponse de sa part. Dans les échanges que je suis de très près, je comprends que s’il est d’accord pour qu’ils commencent un truc ensemble, pour célébrer ça, elle nous invite à passer chez elle pour manger, séance tenante. Elle est d’ailleurs en train de préparer des pâtes et une sauce bolognaise dont elle affirme avoir seule le secret.
Rappelons maintenant les trois éléments qui comptent souvent pour guider notre intervention lorsqu’un ami fait appel à nos conseils : l’enjeu – s’ils sortent ensemble, même s’il n’est pas trop chaud pour, il pourra au moins dire qu’il a une copine. Et l’impact est minime parce que de toutes les façons ces relations de collège ne durent jamais, donc… ; le contexte – il est simple : moi, ami serviteur, je m’ennnuie, j’ai envie de sortir un peu et surtout, J’AI FAIM ; et enfin, qu’est-ce que je gagne à faire en sorte que mon cousin dise oui ? – Les spaghettis bolognaise de Beyoncé, pour assouvir les besoins de mon estomac ! Ce n’est pas rien.
Alors c’est comme ça que je fais le nécessaire pour effacer les traces d’hésitation qui animent encore Rémi et je le convainc d’accepter de sortir avec Beyoncé. Dans la foulée, comme prévu, nous sommes invités chez la dernière et je peux vous assurer que le teasing sur ses pâtes bolognaises n’étaient pas des paroles en l’air hein. C’était fabuleux. Un folklore de sensations intenses pour les papilles gustatives. Je salive encore au souvenir de ce plat.
Et mon Rémi, méchant qu’il est, se disait mal à l’aise et résolu à annoncer à Beyoncé qu’il voulait revenir sur sa décision et enterrer la relation, même pas deux heures après l’avoir entamée. Heureusement que j’étais là pour l’en dissuader. Il n’allait quand même pas lui faire ça après qu’elle nous a si bien régalé. Fort de cet argument, je lui proposai de rompre seulement une fois que nous serions rentrés. Et c’est ce qu’il a fait.
Pour ma part, j’ai bien mangé ce jour-là et je rends grâce. Je vous vois bien en train de me juger, de me traiter de mauvais pote et tout le tralala mais si je n’avais pas procédé ainsi, est-ce que j’allais pouvoir vous dire aujourd’hui que j’ai mangé les bolognaises de Beyoncé ? C’est un privilège dont peu peuvent se vanter.
Bref ! À travers cet épisode, nous voyons bien que parfois l’ami peut ne pas faire ce qu’il faut pour nous au moment où il faut, mais toujours conviendra-t-il de nous rappeller toutes les autres fois où il/elle a fait des choses au-delà de nos attentes, ces autres fois qui ont grandement contribué à construire la relation forte que nous avons avec eux/elles.
Ainsi donc, nous pouvons évidemment affirmer que nos proches valent énormément ou encore tout l’or du monde comme on aime si bien dire. Mais cela n’empêche pas qu’une fois en passant, dans des circonstances particulières, ils ne valent pas plus qu’ un plat de spaghettis bolognaise.
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