Les fables de Marek. L’habit ne fait pas toujours le moine et je suis bien d’accord

Article : Les fables de Marek. L’habit ne fait pas toujours le moine et je suis bien d’accord
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6 juin 2021

Les fables de Marek. L’habit ne fait pas toujours le moine et je suis bien d’accord

À quoi reconnaît-on un moine ? Au Kesa qu’il porte, plusieurs diraient. Les mêmes diraient aussi qu’on peut reconnaître un fou ou une folle par le comportement qu’il ou elle affiche en public, ou encore par le fait qu’il ou elle se balade en tenue d’Adam, sans se soucier de ce que l’on prête ou non une attention particulière à leur nudité.

Petite parenthèse rapide : je sais qu’on est encore au début du billet, mais en mentionnant Adam dans ce premier paragraphe, je me suis rappelé que j’ai publié l’année dernière une série de chroniques dont le personnage narrateur s’appelle Adam. C’est l’occasion pour vous d’aller la découvrir, ou la redécouvrir, pour ceux qui ont déjà lu les trois épisodes. Eh mais attention, finissez le texte-ci d’abord hein ! Cordialement.

Revenons à nos moutons. Je disais que dans notre société, nous pouvons facilement identifier un moine parce qu’il porte un vêtement particulier, et un fou parce qu’il ne porte souvent aucun vêtement. Cependant, une question subsiste : l’apparence suffit-elle à faire un moine, un fou ou que sais-je encore ? Ne serait-il pas trop facile de verser dans ce type de conclusion sans prendre le temps d’analyser la situation ? Je vous raconte une petite histoire.

Si vous avez lu le premier épisode de cette série, l’île de Kégué (c’est aussi l’occasion d’aller voir si ce n’est pas encore fait), vous devez savoir que j’ai déménagé à Agoè en 2002. Ce que je n’ai pas précisé dans ce billet, c’est qu’en raison de l’urgence qui prévalait, nous avions commencé à habiter la maison alors qu’elle était encore un chantier. Assez confortable, mais un chantier quand même. D’ailleurs, je pense que tous ceux dont les parents n’ont pas un certain niveau d’obésité financière connaissent ça, hein. Car en effet, ce n’est pas tout le monde au Togo qui peut se permettre de finir complètement la construction d’une maison avant de l’occuper.

La maison était encore un chantier, et deux à trois fois par an, il y avait des travaux sur des périodes d’une à deux semaines, ou plus, en fonction de l’œuvre à réaliser. Dans ce cadre, un beau jour de vacances des années 2004 ou 2005, le domicile était plein à craquer : maçons, peintres et électriciens étaient présents et acharnés. Comme à son habitude, une cousine qui habitait avec nous suivait un peu ce qui se faisait, mais dut un temps s’éclipser pour prendre sa douche.

Puis à un moment, on l’entendit crier de manière hystérique. Tous surpris et inquiets, on courut vers l’endroit d’où provenait le bruit et on arriva assez tôt pour voir la pauvre en train de s’évader de sa chambre, toujours en criant et en tenue d’un bébé fraîchement sorti du ventre de sa mère. Oh, le cinéma cadeau pour les nombreux ouvriers !

Mais, était-elle devenue folle ? Même si le comportement s’apparentait à de la folie, la réponse est non. Il s’avérait que juste après sa douche, elle s’apprêtait à s’habiller lorsqu’elle entendit un bruit inhabituel dans sa chambre. Le temps de chercher et de lever la tête pour regarder, elle aperçut un serpent, précisément une couleuvre, agrippée à mi hauteur sur le mur. Et c’est de là que tout est parti ! Dès cet instant, elle n’avait plus cure de qui était dans la maison et qui n’y était pas. Sans se poser de question dans ce moment de panique, elle chercha à sauver sa peau, quitte à donner un spectacle mémorable au public présent le jour-là dans la maison.

Dans ce cas précis, la nudité et les cris n’ayant pas fait la folle, on est bien en droit de croire que l’habit ne fait pas le moine. En tout cas, pas toujours… Et en réalité, ce que je souhaite que nous retenions, c’est que les contextes ne sont pas souvent les mêmes, et les personnes changent. Alors il convient de toujours prendre le recul nécessaire pour analyser une situation ou une action donnée, afin de lui accorder le jugement le plus approprié.

Enfin, oui, j’ai beaucoup d’autres exemples pour mieux illustrer ce propos, mais je me rappelle que j’avais tellement rigolé que j’avais pissé dans mon froc le jour-là. Le souvenir était donc trop beau pour que je le laisse sur la touche. Et aussi, oui, on a pu mettre le serpent en question hors d’état de nuire et la cousine n’avait pas tarder à se couvrir car une à deux minutes plus tard, ma grande sœur lui avait prêté un pagne.

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