Quand j’invite un physiologiste pour parler politique de chez nous
L’expérience de Pavlov et son chien, tu connais? Je suppose que oui. Donc en bref, c’est l’histoire d’un chien qui, comme tous ses compères et nous aussi d’ailleurs, salive dès qu’il se retrouve en face de la nourriture. A cette dernière, on associe pendant une période donnée le son d’une sonnette, puis on finit par remarquer que même lorsque disparaît la nourriture, la sonnette à elle toute seule réussit à faire saliver le chien.
Prenons cette expérience, relevons les éléments « Chien », « sonnette » et « nourriture », puis adaptons les à la situation qui est notre au Togo et dans bien d’autres pays africains. Ainsi, le peuple serait le chien, la nourriture, l’ensemble des conditions favorables à l’épanouissement du peuple et la sonnette, l’élement proposé pour faciliter l’accès du peuple aux dites conditions, pouvant se présenter sous diverses configurations. Dans cette catégorie, nous retrouvons les partis et systèmes politiques. Rappelons que le tout est inséré dans un réseau (un Pavlov) qui contrôle tout, influence directement les comportements de chaque élément, et dont la seule motivation est de mener à bien ses affaires.
Et alors?
Aujourd’hui, tel le chien pavlovien, dépourvus de substances nutritives que nous sommes, nous nous retrouvons dans un contexte où ce qui fait saliver n’est outre que la sonnette. On attaque la sonnette en cours d’utilisation en dénonçant le fait qu’elle ne propose rien de bon comme nourriture. Tout à fait juste. Apparaît alors une sonnette de substitution dont le but est d’en finir avec celle en place. Même si la première citée ne prouve pas qu’elle a la capacité de faire mieux, qu’elle peut venir avec de la bonne nourriture, nous salivons quand même. Alors, la meute se divise, il se forme des groupes qui réagissent à différents sons de cloches, qui sont prêts à se livrer bataille féroce, et on finit tous par oublier que le véritable problème pourrait être ou est ailleurs.
En effet, la sonnette est un instrument que Pavlov a utilisé uniquement pour faire évoluer ses recherches et non pour améliorer les conditions d’alimentation du chien. Et tant qu’il garde la mainmise sur cet élément, il ne servirait pas à autre chose. En d’autres termes, je considère que si nous demeurons dans le fameux réseau qui contrôle tout, les partis politiques se suivront et se ressembleront parce qu’ils seront façonnés à la guise de ce dernier. C’est un leurre que de croire que X pourrait venir remplacer Y et automatiquement pourvoir au véritable besoin du peuple qui se résume à de meilleurs conditions de vie et de travail.
Ce que j’appelle « révolution » …
Je considère aussi que le système politique à la démocratie purement occidentale imposée à nos pays ne devrait pas être reçue telle une parole d’évangile et directement appliquée mais devrait faire l’objet d’une étude préalable visant à l’adapter aux structures sociétales africaines. Parce que si nous pensons bien, chez nous, dans l’entité de base de la société qu’est la famille, les choses ne fonctionnent pas exactement comme ce modèle le voudrait. Voyons par là les difficultés que nous, africains, éprouvons à assimiler tout ça comme écrit noir sur blanc à la plus haute échelle.
C’est en cela que se trouve la véritable révolution à mon avis: Joindre les forces, chercher progressivement à couper des cordes qui ne nous avantagent pas, produire des « savoir et comment faires », indispensables à l’émancipation et au processus de construction d’identité de notre société dans son ensemble.
Voilà pour moi. Je n’ai pas le monopole du Savoir ou du Vrai. Je n’ai donc pas la prétention de considérer mes dires comme totalement exacts. Mais du moins, c’est ce que je pense. Discutons, débattons.
Pour ce qui est des récentes manifestations, avec l’engouement autour, leurs bons déroulements auraient été la preuve d’une réelle volonté des organes directement concernés de coopérer pour le bien de nous-autres. Sur la base de ce que j’ai lu et écouté, je pense que tous ont échoué. Mais il n’est pas trop tard pour se retrouver car l’hiver est là depuis longtemps et nous nous faisons manger par les marcheurs blancs en plus de nous disputer entre nous mêmes. John Snow, où es tu?
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